La Provence chrétienne est née deux fois. Une première fois moins de cinquante ans après la mort du Christ, soit vers l’an 45, avec l’arrivée sur les côtes provençales – à l’embouchure du Petit Rhône – de la famille dite de Béthanie : Marie-Madeleine, sa sœur Marthe, son frère Lazare, son ami Maximin, ses servantes Marie-Jacobé et Marie-Salomé. La saga de cette arrivée, de la dispersion de la famille, et de l’évangélisation de la province, a traversé vingt siècles, et la Tradition est toujours vivante au cœur des catholiques provençaux. La deuxième fois, la Provence chrétienne est née à partir du 4ème siècle, avec la conversion officielle qui a suivi l’Edit de Milan de 313. Cette double naissance a opposé pendant des siècles – et encore aujourd’hui – tenants de la Tradition et les Historiens. Mais le sujet de ce livre n’est pas là. Il est dans la découverte de cette importante Chanson de Geste provençale, peut-être orale avant l’an 1000, écrite à partir du 11ème siècle. Cette épopée a – historiquement – créé deux villes : les Saintes-Maries de-la-Mer pour les deux servantes et Sara reine des Gitans, et Saint-Maximin la Sainte-Baume pour le tombeau de Marie-Madeleine. Trois autres villes lui doivent une part de leur réputation : Marseille avec Lazare, Tarascon avec Marthe, Aix-en-Provence avec Maximin. Cette épopée a aussi inspiré la majorité des œuvres d’art sur Marie-Madeleine, la littérature religieuse des dix siècles passés ; elle est indissociable de la vie religieuse – et civile – provençale.